A.A. Adh: 0853

SAINTE CATHERINE.

 

Chère adhérente, pourquoi craindre d'évoquer la mémoire de Sainte Catherine, c'est un plaisir pour moi de vous raconter sa belle histoire. Même au Club il est permis de rêver et Sainte Catherine nous en donne l'occasion.

Fêtées le 25 Novembre les Catherine ont changé subrepticement de patronne.

Le nouveau calendrier liturgique fête Sainte Catherine Labouré, religieuse française contemporaine qui, comme chacun sait, s'appelait en réalité Zoé. Elle ferait encore aujourd'hui de nombreux miracles dans ce monastère de la rue du Bac à Paris qui existe toujours et où Madame De Gaulle finit paisiblement ses jours. Il hébergea une autre vieille dame célèbre, Juliette Récamier, l'égérie de René de Chateaubriand.

La chapelle du monastère appelée Chapelle de la Médaille Miraculeuse est l'un des monuments les plus visités de Paris. (Source Ministère français du tourisme et de la culture).

La Sainte Catherine de l'ancien calendrier liturgique était Catherine d'Alexandrie, celle dont la mémoire a donné lieu à cette si sympathique coutume née dans les maisons de couture de Paris et des grandes villes de France.

Autrefois, quand l'aspirine n'existait pas, on l'invoquait pour la guérison des migraines et maux de tête.

Catherine vivait au 4ème siècle de notre ère à la cour de son père le roi Costos Prince d'Alexandrie. Nous sommes en pleine occupation romaine, elle est la plus belle et la plus savante des jeunes filles. Elle a 17 ans.

Elle raconte à qui veut l'entendre qu'elle veut se marier pourvu que le prétendant soit un prince aussi beau et aussi savant qu'elle. Quelques décennies plus tôt le christianisme venait d'être introduit en Égypte par St Marc, Catherine est amenée à connaître la foi chrétienne et réalise enfin que ses désirs sont exaucés. Le Christ la choisit comme fiancée et lui remet un anneau.

Elle n'appartiendra qu'à lui. Le mariage mystique de Catherine a inspiré de nombreux peintres (dont Le Corrège au musée du Louvre).

Catherine ne songe plus alors qu'au martyr. L'empereur Maxence passe par Alexandrie, Catherine va le trouver et lui adresse de véhéments reproches pour sa cruauté envers les chrétiens. Maxence a du mal à encaisser mais reste coi devant la beauté de Catherine. Il fait chercher les cinquante plus grands philosophes de la contrée pour une entrevue destinée à la ramener au culte romain. C'est le contraire qui se produit, conquis par la clarté et l'enthousiasme de Catherine, ils se convertissent ainsi que l'impératrice Faustine. De même les deux cents soldats qui étaient par mesure de sécurité présents à la discussion.

Furieux, Maxence la condamne à mort mais le bourreau refuse de lui trancher le col. L'empereur fait construire une sorte de machine infernale pour venir à bout de cette résistance inattendue. Tel Ponce Pilate quelques années plus tôt, personne ne se salira les mains.

Probablement en l'an 304, Catherine est enfin décapitée. Tout le monde pleurait.

Son corps aurait été transporté par les Anges sur le Mont Sinaï où fut plus tard élevé un monastère qui existe encore de nos jours et qui est habité par des moines orthodoxes grecs.

Courtisan accompli, le roi Costos ne fit aucune démarche pour sauver sa fille. L'Empereur Maxence lui aurait dit:

"Si tu m'avais demandé la grâce de Catherine, je te l'aurais accordée. Tu es le seul et véritable responsable de sa mort.

Selon la légende, il se convertit tardivement et mourut de chagrin retiré dans un monastère.

La curieuse machine qu'eut le triste privilège d'inaugurer Ste Catherine resurgira au XVIème siècle dans le midi de la France et en Italie sous le nom de mannaja. Le Docteur Guillotin Député de Paris en 1789 ne fit que défendre le principe du supplice unique pour tous et il suggéra que la décollation fût effectuée par une machine qui abrégeât les souffrances du condamné. Il protesta toujours de l'usage que l'on fît de son nom pour désigner le sinistre instrument.

C'est le Docteur Louis qui fut chargé par le Comité de Législation d'étudier et de construire celle qui fut d'abord appelée la Louison ou la Louisette et qui reçut l'usage que l'on sait.

Pourtant les récits divergent sur les circonstances de la mort de Catherine, aucune source antérieure au IXème siècle n'authentifie les faits. Selon certaines relations, Catherine fut décapitée sur une roue et de la terrible blessure il sortit du lait à C'est sans doute la raison pour laquelle elle fut au moyen âge la patronne des rémouleurs, des charrons, des menuisiers et des potiers.

Où est la vérité ? A-t-elle une réelle importance ?

Pauvre Sainte Catherine, pure et belle jeune fille, quelque légendaire que fût en grande partie sa tragique histoire, quel dommage d'associer indirectement son nom à l'époque la plus sinistre et la plus sanglante de l'histoire de notre pays.

Conservons plutôt d'elle le mémorial de ses vertus, elle est la patronne de la faculté de théologie de l'Université de Paris, elle est encore celle des étudiants, des philosophes et bien entendu des jeunes filles à marier.

Voici pour terminer l'image d'un tableau du peintre italien Le Correge qui se trouve au Musée du Louvre à Paris.

On y voit Sainte Catherine recevant l'anneau nuptial de son fiancé l'enfant Jésus, lequel est sagement assis sur les genoux de la Vierge Marie. Le personnage à l'arrière plan serait St Sébastien qui d'un geste désabusé de la main semble exprimer sa résignation devant le fatalisme d'une telle situation.

A.A